vendredi 29 février 2008

J'ai rêvé d'une licorne

Il y a longtemps, j'ai rêvé d'une licorne. Blanche, elle s'abreuvaità l'eau froide d'un lac, l'air était bleu, j'étais bouleversée par sa grâce. Ainsi, me disais-je, je ne m'étais pas trompée, je savais qu'elles existaient les merveilleuses et fières licornes. Ce rêve m'a longtemps habitée, je sais aujourd'hui qu'elles existent vraiment puisque ce rêve est toujours vivace en moi. La réalité tangible est une réalité, et non La réalité. Tout au fond de vous qui me lisez, il y a cette certitude, laissez-la grandir, encore et encore, ce sont nos rêves qui nous rendent libres.

jeudi 28 février 2008

La Vraie Alice


Photographiée par Lewis Carroll.

Le critique anglais William Empson, en 1935, à propos des aventures d'Alice au pays des merveilles :

"Les deux livres traitent si franchement du problème de la croissance que l'on n'invente pas grand-chose à les traduire en termes freudiens."

Les Aventures d'Alice au pays des merveilles


"Minet du Cheshire..." Le sourire du Chat s'élargit ostensiblement. "Allons, il est jusqu'à présent satisfait", pensa Alice, qui poursuivit : "Voudriez-vous, je vous prie, me dire quel chemin je dois prendre pour m'en aller d'ici ?
- Cela dépend en grand partie du lieu où vous voulez vous rendre, répondit le Chat.
- Je ne me soucie pas trop du lieu... dit Alice.
- En ce cas, peu importe quel chemin vous prendrez, déclara le Chat.
- ... pourvu que j'arrive quelque part", ajouta, en matière d'explication, Alice.

The Wizard of Oz



Qu'il est triste de marcher sans sentir rouler
des flots d'étoiles sous ses pieds...

Mary Poppins





Si je devais me réincarner... Ce serait Mary Poppins ! Pour le sac et les bottines, pour la jolie redingote, pour voler avec un parapluie et pour apporter aux enfants, le goût du merveilleux et la confiance en soi.
De quoi d'autre a-t-on besoin pour voyager
léger et joyeux ?

bout de ficelle, selle de cheval...




C'est vraiment ainsi qu'il marche ce blog, en marabout-de ficelle-de cheval-de course- à pied - à terre - de feu follet- de vache de ferme - ta bouche- d'égouts- et des couleurs... on en discute, ici et maintenant !

Là où ça se passe, c'est où ?


C'est drôle. Une copine, hier, au téléphone. Mais tu ne t'ennuies pas dans tes bois ? Tu n'as pas l'impression d'être sur la touche ? Moi, j'ai besoin d'être là où ça se passe... Tu sais bien, les gens, les trucs, les films, les restaus, les cafés, les expos, la vie quoi...
J'ai juste dit : mais je suis là où ça se passe puisque j'y suis.
C'est bizarre cette idée de "là où ça se passe", comment peut-il exister des endroits où il ne se passe rien alors même qu'on s'y trouve ? D'abord, je sors de mes bois, souvent. Mais, même si je n'en sortais pas, je prêterais encore davantage d'attention à ce qui est, ce qui vit, en moi et autour de moi. Mille personnes croisées par jour, quel enseignement ? Je suis persuadée que c'est la qualité d'être qui détermine le fait qu'il se passe quelque chose ou rien. Hors de soi, coupé de son noyau essentiel, on peut se trouver au coeur de Manhattan, il ne se passera rien d'autre que des "traversées" visuelles, auditives et émotionnelles, instants fugaces, à jamais étrangers à la réalité intérieure.

mercredi 27 février 2008

En film aussi...





Peut-être un peu plus "sucré" que le livre, y manque parfois la touche doucement mordante d'Elizabeth von Arnim, mais le jeu des comédiennes, toujours juste, restitue le meilleur du livre.

Un enchantement durable


Je l'ai lu et relu, Gil aussi. A chaque lecture nous retombons sous le charme de ce livre. Avril enchanté, en français. La magie d'un petit château ligure, le refuge rêvé pour fuir la grisaille humide du printemps anglais. Quatre femmes qui se retrouvent face à leur histoire, leurs attentes, leurs faux semblants et qui découvrent, à mesure que la nature foisonne, bourgeonne, fleurit, que grandit en elles une énergie nouvelle qui chasse les envies de repli sur soi, de prudence ou de méfiance. Vivifiées par la générosité d'un printemps luxuriant, elles se réveillent enfin et se découvrent belles, fortes et aimantes. Il faut le lire ce printemps !

Arnaud Desjardin


J'ai eu le privilège de passer une semaine à Hauteville et de pouvoir écouter et questionner Arnaud Desjardin, disciple accompli de Swâmi Prajnânpad. Une grande lucidité, une grande vitalité, une grande générosité. Le tout sans peser. Ici et maintenant, faire de son mieux, être pleinement dans globalité pour remettre l'ego à sa juste place. Sans lutte. Eplucher les pommes, marcher dans les bois, faire zazen, questionner, écouter, se questionner... A Hauteville s'égrène ce que je tiens pour le degré le plus élevé de la civilisation. Une vie communautaire faite de responsabilités partagées, de singularité respectées et d'idéaux appliqués dans le "petit" du quotidien. Chacun vient avec sa foi, son athéisme, ses valeurs, ses convictions, rien n'est attaqué, rien n'est imposé. Et pourtant, au fil des heures, puis des jours, émerge du plus profond de soi, une énergie nouvelle, une sérénité fraîche comme une ondée d'avril. L'on se sent mieux avec soi-même, plus indulgent et plus exigeant à la fois. Les autres, ne sont plus "des autres", mais des sujets à part entière.
Béni soit ce lieu, ceux qui le rendent vivant, ceux qui y séjournent et ceux qui le cherchent sans même le savoir.

mardi 26 février 2008

Swâmi Prajnânpad


Ceci est un livre pour : les trop humbles, les vantards, les excessifs, les balbutiants, les importants, les rigides, les tonitruants, les envieux, les calculateurs, les faux modestes, les voraces, les fatalistes, les ambitieux, les donneurs de leçons, les premiers de la classe, les cancres... et tous ceux, vous, moi, nous, qui sont (parfois, toujours) gênés, blessés ou freinés, par un ego trop rachitique ou trop boursouflé.

Une petite pépite :

"Annihilate the distinction
between you and your emotion"

Le zen et le Président



Pourrait-on conseiller un quart d'heure de zazen à notre hyperprésident ? Juste un petit quart d'heure. Débrancher. Face au mur. En silence. Immobile. Respiration fluide et profonde. Laisser les pensées traverser l'esprit comme les nuages passent dans le ciel. Surtout ne pas chercher à les arrêter, ne pas chercher à les dissiper. Lâcher prise. Se laisser porter sans se laisser emporter, comme disait le sage Prajnanpad. Sentir que l'agitation du corps et de l'esprit est le fruit de la peur et de la colère. Et la colère masque toujours une profonde tristesse. Revenir à soi. Au "je", pas au "moi". Président, si vous disiez moins "moi", vous commenceriez à prendre conscience de ce "je" qui souffre depuis trop longtemps. Allez, un quart d'heure avec vous-même. Sans Cécilia, sans Carla, sans Dadu, sans personne d'autre que ce "je" qui ne sait pas se faire entendre...

L'éducation selon Rousseau




A notre président hyperactif, à propos de l'éducation justement, cette petite phrase de Rousseau tirée de son "Emile" :

"Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l'éducation ? Ce n'est pas de gagner du temps, c'est d'en perdre."

Bain de foule & Douche froide


"Allez casse-toi, pauvre con !" ni caillera des quartiers, ni beauf aviné, mais notre président. Il ne sait pas se tenir, il n'a aucune dignité, il est trop impulsif... On a tout entendu. Surtout son absence affligeante de maîtrise de soi. A juste titre. Il y a eu un précédent, la marin pêcheur "allez descend, viens me le dire en face..." ou quelque chose comme ça. Dans les deux cas, c'est lui qui est descendu au niveau de son interlocuteur, grossier et violent. Et si cela me choque de la part d'un président, "un sujet supposé savoir", c'est tout simplement parce que lorsque l'on incarne la république, on a le devoir d'éduquer. Et éduquer, en latin, cela signifie "conduire hors de ..." Hors de l'ornière, hors de l'ignorance, hors des pulsions primaires...Pour devenir un être civilisé, c'est-à-dire un humain capable de maîtriser son pulsionnel pour pouvoir vivre dans la société des hommes sans la mettre en danger. Notre président aurait pu à la fois ne pas se laisser marcher sur les pieds (ce n'est pas un paillasson, comme le rappelle Finkielkraut) et élever son interlocuteur, en lui disant par exemple : vous avez encore beaucoup de chemin à faire pour vivre en démocratie... Mais non, tout à ses pulsions incontrôlées, notre président n'a pas "conduit hors de", il s'est roulé avec son interlocuteur dans le caniveau... Triste spectacle, un rien inquiétant...

lundi 25 février 2008

Hawthorne too...




La lettre écarlate
, qui ne doit pas faire oublier La maison aux sept pignons...

Faulkner For ex.

Je ne sais pas pourquoi, c'est ensuite à lui que j'ai pensé, il m'a accompagnée pendant si longtemps... Remember "Monseigneur"...
L'acuité terrible du regard, la brûlure de chaque mot.
Rien à montrer, rien à acheter, rien à vendre.

Tim Burton ne s'achète pas



A mille lieues... Tim Burton. Immergé dans son univers, quand il en passe les frontières, irréductiblement singulier. Cinéma ou littérature, peinture, musique, architecture, sculpture, photographie, cuisine, mode... Seule importe la singularité. Cette voix qui se fraie un chemin depuis le limon originel de sa venue sur terre, façonnée par les rencontres, épurée par le désir de toujours se remettre au monde, cette voix unique, ce "je" qui n'est "moi", cette conscience qui n'est pas arrogance, c'est cela qui fait l'art qui n'est jamais mineur.

Beigbeder n'est plus à vendre


Talking about Beigbeder... J'ai commencé par le trouver intéressant. Son désir d'électriser la langue, son enthousiasme de vrai timide et de vrai lecteur, sa passion pour Salinger... Et j'ai aimé 99f. Mais rien avant et plus rien après, surtout pas le "2007". C'est là que je me suis dit : ce garçon ne décrit pas l'époque comme il essaie de (se) le faire croire, mais il est l'un de ses symptômes. Passe encore le narcissisme - quelle démarche créative n'en exige pas une belle part ?- mais cette absence totale d'intériorité, cette confusion permanente entre le style et le sens de la formule, cette façon d'être partout sans être nulle part, c'est vraiment L'Homme de cette image, celui des Galeries Lafayette. Que dit-il ? Que vend-il ? Une coupe de cheveux ? Un livre ? Un jean ? Un ventre plat ? Uniquement défini par son image qui lui tient lieu d'univers intime. C'est cela le symptôme de l'époque : je ne suis pas donc je montre...

H&M&Addiction ?


Pas moins de trois mails "remontés"pour me dire, allez, je résume : "Le shopping ce n'est pas un péché ! ", "Et puis, shopper chez H&M, ce n'est quand même pas la ruine, c'est ludique, où est le problème ?"
Vous avez raison.... mais, selon moi, pas tout à fait.
D'accord, pas Gucci, pas Prada, pas Dior, mais H&M. D'accord. Mais pour faire quoi ? Pour trouver la copie cheap (et tant mieux) de ce qu'on a décidé de vous imposer. Une coupe, une matière, un imprimé, une couleur, un accessoire... C'est l'uniforme du moment, il me le faut. D'accord, mais pas seulement, il me les faut tous. Le nouvel accessoire, le nouvel imprimé, le nouveau t.shirt, le nouveau pull. Tous. Sinon, frustration. Pourquoi il me faut tout ça, tout le temps ? C'est la seule bonne question à se poser. Pourquoi ? Pour satisfaire quel besoin, quel fantasme, quel désir ?
Et Combien ? C'est l'autre question clé. Pas combien d'argent, mais combien de fois cette course folle, combien de fois "ce besoin urgent d'avoir", combien ?
L'idée qui me tient à coeur, c'est que l'on peut tout faire, mais en conscience. La conscience c'est le centre, c'est ce qui différencie le consommateur du citoyen, le sujet pensant du sujet conditionné. Beigbeder l'écrit très justement dans 99f , qui raconte le parcours d'un pubard presque complètement cynique : je suis payé pour inventer vos besoins ...
Ne préférez-vous pas inventer les vôtres ?

dimanche 24 février 2008

The clock stroke midnight...





Thabor qui veilla
Thabor qui surveilla
Tahbor qui protégea
mais n'y put rien.
Car des chaînes devaient être rompues.

So, Emily Dickinson




Purple - is fashionable twice -
This season of the year,
And when a soul perceives itself
To be an Emperor.

Et vous savez quoi ? Natasha Kahn non plus




Bat for lashes...
La femme Cerf, la femme Paon, elle marche avec les loups, nage avec les baleines et disparaît quand la lune est descendante.

Alela Diane non plus...




Elle a une voix et une guitare, un univers jailli d'une faille spatio-temporelle sépia, elle chante avec ses sens et un oubli de troublant de son ego. C'est une shaman musicienne, une femme des sous bois, dont la voix s'enroule autour des arbres moussus et fait frissonner les eaux mortes. C'est tout ce que n'est pas et ne sera jamais la povera Carla B.

Louise Bourgeois ne fait pas du Shopping


Le style, l'humour, la puissance, la dignité, l'indépendance... Louise Bourgeois, una Strega Vera...
Une vie digne et intelligente se lit toujours sur un visage, dans un regard, dans le pli du sourire.
Il y a un éclat, une intensité dans la présence, un rayonnement singulier. Qui ne s'acquiert ni courant les boutiques, ni ne faisant des régimes, ni en cherchant encore et toujours à faire clignoter le désir dans le regard des hommes...

L'ENNUI


C'est ce que je veux dire. Partout le même décor. Partout le même vide. Partout le même écho triste, mélange de neuf et de fade. Pas d'aspérités, pas de recoins, pas prise...Une porte qui ouvre sur rien, un sol d'hôpital ou de sécu ou de musée, peu importe... Tout est à même niveau, tout se mélange, rien ne s'enracine ni ne germe. Culture hors sol, sans trace, sans espace...
Le shopping l'autre mot pour dire ce qui ne produit rien. Sinon de l'angoisse, de la répétition névrotique, des émotions fabriquées à la chaîne.
La fille qui dit "quand je suis énervée je peux acheter trois paires de chaussures par semaine." C'est aujourd'hui la fille qui lit, qui est en analyse, qui est bac plus 5 ou 15, celle qui bricole de l'art, des discours, et c'est elle qui dit ça, parce que ça fait décalé de faire bête fille quand on ne l'est pas, mais en fait qu'on l'est un peu beaucoup forcément... Je parle comme elle, exprès. Ce faux style, ce faux moderne, ce faux langage fabriqué à la chaîne qui lui tient lieu de langue. Ces mots mixés puis recomposés à la hâte mais pensés quand même, ces mots qui pourraient être écrits, juste sous le mot ENNUI.

La Fille et le Shopping


A l'inverse. A l'opposé. Aux antipodes : La Fille et le Shopping, le nouvel opium des femmes. J'ai lu il y a un mois ou deux :sous la plume d'une fille pas stupide et parfois drôle : "quand je suis énervée, je peux acheter trois paires de chaussures dans la même semaine." Une exclamation qui se veut décalée "girlie" et qui est juste bête. Un aveu pathétique. Le vide. L'ennui. Le désert de l'intériorité. Le degré zéro de la conscience de soi. Et cette fille, qui dilapide son temps en courses vaines : derrière le dernier itbag, le dernier jean, les derniers escarpins, le dernier blouson, le dernier n'importe quoi. A Paris. A Londres. A Amsterdam. A Milan. Rencontrant partout son double, transparent et agité. Partout les mêmes filles vides d'elles-mêmes, même humour de magazine féminin, mêmes dégaines, mêmes aspirations, mêmes références, même ignorance...

La Sorcière et les mots


Elle prend les mots, dans l'air, dans l'eau, dans la terre... Elle les soigne et les rend. A l'air, à l'eau à la terre... Donnez-lui un jardin, elle fera de même, soigner et rendre.
Il y a chez les propriétaires, de plus en plus affamés, de plus en plus nombreux, quelque chose qui m'effraie, comme une menace, un danger qui a le poids de l'ignorance. Seuls les passagers, les voyageurs, les locataires et les poètes savent combien posséder emmure vivant, dévitalise et égare. Les Sorcières le savent. C'est pour cela qu'elles se taisent le jour et travaillent la nuit, quand les échoppes sont fermées et les forêts ouvertes...

vendredi 22 février 2008

Barbara Pym


Catherine Oliphant écrit des romans "romantiques" et attend vaguement son fiancé anthropologue en Afrique. Elle a de l'humour, boit du sherry en faisant la cuisine, observe, amusée, le petit monde des universitaires envieux et vaniteux.
Elle a une imagination plus vive qu'une alouette, un peu trop de lucidité pour se raconter de belles histoires d'amour, et assez de talent pour remettre tout le monde à sa place sans blesser personne...

Découvrez Alexander McCall Smith






Une héroïne qui philosophe en menant des enquêtes, amoureuse du prétendant malheureux de sa nièce, ramenée régulièrement sur terre par sa pragmatique gouvernante. Edimburgh avec ses petits secrets, sa bourgeoisie autarcique et son vieil argent qui ne sent pas toujours bon...

Ganesh, divinité des voleurs et des écrivains

Ganesh, divinité hindoue des voleurs et.... des écrivains !
Quel étrange rapprochement, ai-je pensé lorsque ma soeur m'a offert une petite statue de Ganesh... Voleurs et écrivains... J'ai laissé la pensée cheminer en moi, comme chaque fois que je veux vraiment comprendre, je l'ai laissée emprunter tous les chemins de traverse de mon esprit (et Dieu sait s'ils sont nombreux !) et puis un matin, alors que j'écrivais et que mon regard était posé sur sa trompe richement décorée, j'ai compris combien étroite était la parenté entre ceux deux professions... Les mots que nous croyons mettre au monde, ceux dont nous pensons qu'ils viennent de cette région connue de nous seule et qui se nomme Imagination, ces personnages singuliers, si intimes qu'ils semblent posséder l'odeur de notre peau, nous les volons tous, un jour au l'autre. Par mégarde, consciemment, par inspiration, par capillarité, parce que l'art ne naît jamais de lui-même, quoiqu'en pensent les orgueilleux. Je lisais dernièrement Alexander Mc Call Smith, un délicieux auteur écossais, et je me faisais la réflexion que son personnage principal, Isabelle, avait tout d'une héroïne de Barbara Pym. Et puis quelques mois plus tard, je tombe sur un article consacré à Mc Call Smith, dans lequel il avoue toute sa tendresse et son admiration pour Miss Pym. Et pourtant nul plagiat, nulle défaillance de l'imagination de Mc Call Smith, nul vol à lui reprocher, son héroïne est bien la sienne, née de son histoire, de sa sensibilité et de son talent propres, mais aurait-elle vue le jour si Catherine Oliphant (CF Une corne d'abondance) ne l'avait pas précédée ? Chi lo sà ?
Alors oui, Ganesh, divinité des voleurs et des écrivains, frères de labeurs.

jeudi 21 février 2008

Petit Georges





Georges volette toujours.
Léger et confiant, doux, si doux...

L'homme aux framboises...

Il est à la Terre et au Ciel, comme le galet est au ruisseau. Il parle aux herbes folles et aux rouge-gorge, il a pour amis ceux que les autres rejettent : crapauds, mulots, lézards... Quand il retourne la terre et élague les buissons, il sourit au vent, heureux et comme ivre. Il écoute les nouvelles du monde, toujours un peu distrait et désolé que les hommes se malmènent, se mentent et se vendent. Il revient à sa vigne, à ses lauriers, à son chèvrefeuille et à ses framboises. Un jour peut-être, il ne retournera plus à la ville...

mercredi 20 février 2008

Bonnets d'âne au travail


Un petit mot pour Sophie. Et toutes celles qui sont dans sa situation. Sa chef alterne compliments et vexations. Ces dernières sont toujours assorties d'un terrible "Je suis déçue Sophie". Cela fait deux ans que cette relation perverse dure et Sophie ne sait plus comment se mettre à distance. Le problème dit-elle, est qu'elle est attachée à cette femme qui l'a soutenu à plusieurs reprises et qui lui donnent de très bons conseils pour avancer professionnellement. Alors que faire Sophie ? Peut-être commencer par ne plus t'appuyer sur elle pour prendre tes décisions, la remercier pour ses conseils et son soutien mais de manière adulte, et non en lui témoignant une reconnaissance éperdue, en élargissant le cercle de tes interlocuteurs et aussi en travaillant sur ton histoire personnelle. Peut-être que des questions de dettes, de culpabilité anciennes te travaillent et ressurgissent dans cette relation professionnelle. Réjouis-toi car il y a là vraiment de quoi avancer sur ton chemin. Courage !

Les maîtresses d'école... au bureau !


C'est un déluge de mails que je reçois dans ma boite aux lettres : des demandes de lecture de Tarots, de conseils boulot, mais aussi des plaintes en séries sur ces femmes chef ou collègues atteintes du syndrome "maitresse d'école". Donneuses de leçons, contrôleuses, vertueuses et rigides, l'une de vous parle même de "SSR", comprendre : Syndrome Ségolène Royal... Catéchisme, baguettes et bons points... Que faire chères Toutes ? Comment ne pas se transformer en élèves soumis ou rebelles ? Ce n'est pas facile car derrière la maîtresse d'école, c'est la maman qui se profile. Encore, une fois, je pense que la meilleure chose à faire est de rester professionnelle. C'est-à-dire agir pour soi, plutôt que réagir contre l'autre. Ne pas chercher à amadouer, ne pas chercher à intimider. Si cela est trop lourd à porter seule, n'hésitez pas à demander l'aide d'un coach ou d'un thérapeute, surtout celles qui sentent que des morceaux douloureux de leur histoire familiale remontent à la surface et créent des remous difficiles à apaiser.
Une maîtresse d'école, vous l'aurez compris, ne peut pas être une Strega, elle n'est pas puissante, elle veut du pouvoir, et ce n'est pas du tout la même chose. Souvent ces femmes envient les hommes, rêvent de leur piquer le phallus, elles ne jouent que deux partitions : l'homme ou la maman (gâteau ou fouet) à l'extérieur, et dans leur foyer ce sont des petites filles passives, capricieuses et rancunières... Vous trouverez sans doute ces mots bien durs, ils le sont, mais dans un esprit d'éveil et non de jugement. La vie professionnelle est une merveilleuse opportunité de gagner en connaissance de soi. A condition de se poser toujours comme acteur et non comme victime.

mardi 19 février 2008

La Terrible Vie de Bureau


Merci Caro pour ce petit mail plein de générosité et d'éclats de rire... Tu réussis à garder distance et humour au travail, bravo ! Alors, tu me demandes de "consulter dans mes cartes magiques", je te cite, pour savoir si tu vas enfin changer d'orientation professionnelle. Je ne te fais pas languir plus longtemps, la réponse est : oui ! Un grand oui ! Et ça ne devrait pas tarder, avant l'été, je dirais. Je t'ai détaillé ma lecture par retour de mail, je ne partage donc ici que ce qui peut servir à tous les autres. Caro ne supporte plus "sa pseudo chef", comme elle l'appelle. Une anxieuse-contrôleuse, accro au boulot qui s'estime indispensable et qui en plus la joue "c'est vous qui compliquez tout ". Vous le savez autant que moi, avant toute chose, la première question à se poser est : pourquoi suis-je tant vulnérable à ses toxines ? Quel pan de mon histoire, cette personne fait remonter à la surface ? Et enfin, que faire pour ne pas être atteinte par son dysfonctionnement ? Vous seul pouvez répondre aux deux premières questions, en revanche, la troisième peut faire l'objet d'un petit Pow Wo de Sorcières et Sorciers. Pour neutraliser une obsessionnelle, il faut simplement détourner son regard d'elle et se concentrer sur sa tâche. Ironiser légèrement quand elle dramatise et toujours lui opposer des faits concrets : dates, exemples, règlement etc. Son pouvoir sur les autres vient de ce qu'elle se considère comme un modèle de travail, de compétence et de vertu. Bétonnez votre champ de travail, épanouissez-vous en dehors des heures de bureau et jetez-lui régulièrement des petits regards de commisération pour qu'elle perçoive qu'elle fait plus de peine qu'elle ne suscite d'envie ou de respect. De manière générale, chers Tous et Toutes, plus la vie de bureau est oppressante et grise, plus vous devez vous nourrir ailleurs de manière à la vivre sans y laisser d'énergie vitale.

lundi 18 février 2008

Hortus Conclusus

C'est le jardin secret, celui qui reste invisible aux yeux du monde. Sa beauté mystique en fait le refuge de celles et ceux qui sont dans le monde mais qui ne sont pas de ce monde.
Hortus conclusus, le jardin clos, ouvert sur l'intérieur, foisonnant de mille plantes et fleurs fraîches et rares. En son coeur, les Amants s'y rejoignent, les Solitaires s'y ressourcent, et l'eau toujours vive les désaltère. Ce jardin vit par nos soins et s'épanouit sous notre vigilance aimante. Il est notre trésor le plus précieux, notre source et notre pain.
Nul n'en est dépourvu, et pourtant nombre d'entre nous pleurent son absence...

Rose Hip Fairy

Merci, mon amie Sara pour cette fée que j'aime particulièrement.
Elle nous rappelle que la puissance c'est aussi savoir jouer avec la Création. C'est peut-être même l'une des expressions les plus hautes de la spiritualité. Jouer et danser avec le Vivant.
Lorsque je le fais de tout mon coeur et de toute mon âme, alors je sens que je vibre juste, que la note qu'est mon être participe pleinement à la grande symphonie de l'univers. Oui, je sais, je suis parfois lyrique, allez n'hésitons pas à le dire, parfois même grandiloquente, mais c'est une façon de laisser échapper un trop-plein de joie...
Let's dance together my friends !

La Montagne et l'Homme


Mon ami Merlin du Nord m'a fait remarqué avec sa bienveillante malice habituelle que je parlais beaucoup des Femmes...
Alors pour lui et pour tous ceux qui partagent sa quête, ce refuge. Royaume du Yang, ciel, vent, roches aux arrêtes aiguës, eau glacée... Qu'il serait bon que chaque homme se retire régulièrement en ces lieux où l'on apprend l'humilité et la prudence. Le vent tourne, le ciel change, la nuit tombe, brutale et étoilée, que valent alors les désirs de gloire ou de domination ?
La montagne enseigne la vanité de l'ego, sa fragilité et son insolence coupable.
Nos frères amérindiens envoyaient les jeunes hommes quatre jours et quatre nuits sans manger ni boire afin que leur soit révélée leur vérité. Ils appelaient cette initiation "the vision quest". Le cinquième jour, purifiés, nés à nouveau, ils pouvaient revenir parmi les autres, plus sages, plus forts, plus connaissants. Pourquoi ne pas leur emprunter ce rite ?

La Forêt et la Femme


Une autre façon, chère Lola, de se connecter à sa puissance intérieure : se nourrir de l'énergie de la Forêt. Lieu Yin, par excellence, sombre, humide, bois et eau... Essaye de t'offrir une journée entière en forêt, prends juste une bouteille d'eau, du pain, un stylo et un carnet. Marche, respire, touche, regarde, écoute... Enlace les arbres, laisse ta main courir sur les roches et la mousse, suis du regard les jeux de lumière dans les feuillages, tu es chez toi dans ce royaume... La solitude pleine et consciente fait partie du chemin, la Forêt l'enseigne merveilleusement aux femmes. Elles y on toujours vécu, aimé et travaillé depuis des milliers d'années, visibles ou invisibles... Délaisse régulièrement les bruits de la ville, ils ne font que t'égarer, t'éloigner de ton centre. Une fois que tu auras dans la bouche le goût de la solitude féconde, tu pourras reconnaître ceux qui t'expansent et ceux qui te réduisent. Tu feras naturellement et sans effort le tri dans ton carnet d'adresse...

La Force

Encore un mail ! Pourquoi ne pas laisser vos commentaires ? Allez chères Toutes, moins de timidité ! Lola m'écrit qu'elle fait trop de fautes pour "gâcher mes beaux textes", quelle idée ! Il ne s'agit que de fautes d'orthographe, j'en fait aussi, et alors ?
Lola, tu me demandes comment acquérir cette "puissance féminine" dont je parle depuis la création de ce blog. Si seulement je savais... Mais je n'ai pas de recettes, pas de formules magiques, pas le moindre sortilège, et tu sais pourquoi ? Parce que tu n'as en vérité aucun besoin de tout ça. Tu as simplement à creuser, déblayer, laisser respirer et irriguer ton jardin intérieur. Connais-toi toi-même... Passe du temps à savoir qui tu es, découvre ce qui te fait vibrer, ce qui te tire vers le haut et ce qui te tire vers le bas. Une amie très chère, une Strega, que j'appellerai Lily ici, m'a parlé dans son courrier du très beau livre de Guy Corneau "Le meilleur de soi", un livre guide pour cheminer vers sa part de lumière, je te propose aussi chère Lola , le livre de Christophe André "Imparfaits, libres et heureux", ou comment vivre mieux avec qui on est, en évitant les pièges de l'égocentrisme et du fatalisme. Première marche qui mène à la puissance intérieure : faire l'inventaire de ce qui nous constitue, autant l'ombre et que la lumière, afin de mieux lire en soi. Plus mon jardin est cultivé, plus il me fournit les ressources dont j'ai besoin, moins il me rend dépendante des autres.

dimanche 17 février 2008

Le Pape


Il devrait être le guide des hommes qui cherchent. Le guide de tous ceux qui ont en fini avec la guerre, l'or, le pouvoir et le sexe "reptilien". Cet homme, anima de l'homme, règne sur les royaumes de la maîtrise de soi, de l'humilité, de la patience et de la grande sagesse.
Il est doux comme l'agneau, fort comme le fleuve, clair comme le cristal et invincible comme une armée d'aigles. Le Pape prend la main de chaque homme et lui dit : je suis ton père, je suis ton frère, je suis ton fils. Il éteint l'avidité dans leur coeur et la brutalité dans leur âme, il leur donne courage, souplesse et constance. Cet homme accompli chemine avec la femme accomplie, tous deux sont amis, amants, compagnons et enseignants l'un de l'autre.

La Papesse

Elle devrait être la Mère de toutes les femmes. Connaissante, puissante et paisible. Elle règne sur les royaumes intérieurs, voit au-delà des apparences, se fie à son intelligence, à sa force et à son âme. Son coeur est vaste et doux, sa volonté est ferme et ses mains donnent et donnent sans jamais reprendre.
Le livre posé sur ses genoux contient tous les signes des temps passés et à venir. Sa tâche demeure inchangée de siècle en siècle, elle guide, éclaire, réconforte et réveille sans faillir.
Sereine, parce qu'elle fait
Souriante, parce qu'elle sait
Belle, parce qu'elle est,
Telle est la Papesse, notre Mère à toutes.

Les Tarots de l'Amour


Roseline, prends ta lanterne, n'oublie pas ton écharpe et ton manteau et traverse le petit bois. je vais répondre ici à ton mail. Tu voudrais savoir si l'homme dont tu es amoureuse depuis des mois et que tu vois "de temps en temps" va s'attacher à toi. ET tu me demandes aussi un sortilège d'amour, car dis-tu cet homme est volage. Bien sûr, qu'il existe des sortilèges pour faire perdre aux hommes le goût des autres femmes. De l'ambre, des bougies mauves et... Je m'arrête car ce ne serait pas te rendre service. Pourquoi une cage ? Pourquoi forcer le ruisseau à remonter à sa source ? Tu vaux mieux que ces petits "trucs" pour vivre un bel amour. Pourquoi choisir d'aimer un tel homme ? Quel (s) bénéfice (s) trouves-tu à cette situation ? Mieux vaut consacrer quelques heures à plonger dans les méandres de son coeur et de son esprit pour obtenir des réponses plutôt que de consacrer un temps précieux à mettre au point des sortilèges qui verront peut-être venir cet homme dans ta vie, mais qui ne t'ouvriront pas les yeux sur toi. J'ai consulté mon Tarot, il m'a parlé d'un passé triste en amour, de déceptions et de cruautés subies, il y a longtemps. Il m'a dit aussi qu'il faudrait soigner tes blessures les plus profondes en apprenant à prendre soi de toi. Chère Roseline, la rencontre se fera, mais pas tout de suite. Tu dois d'abord cheminer vers toi, trouver la paix dans ta propre compagnie afin de marcher sans béquille.

Michaël, Ta balance pèse

"Michaël,
Ta balance pèse,
Ton glaive tranche, Et ce qui était vivanttrouve la vie,
Ce qui était mort meurt."

Si tu dois trancher et que tu ne le peux pas,
Si tu dois peser et que tu ne l'oses pas, appelle ainsi :

"Michaël, donne de la Force !
Toi dont le pied écrase la tête du serpent,
La force froide, toi seul, tu peux la donner.
Ce que tu tranches est déjà mort".

(Entretien 76, Vendredi 29 septemebre 1944, Dialogues avec l'ange)

Pendant que vous dormez...


Oh, pas tous, certains d'entre vous veillent et combattent, heureusement... Mais à l'heure où la plupart des portes, des volets et des paupières se ferment, nous, nous sortons. Parfois en maugréant, parfois en chantonnant, cela dépend des époques et de notre humeur.
Merlin se dit qu'on ne l'y prendra plus, que cette fois-ci, c'est la dernière. Non mais, ces zunis, pour qui se prennent-ils ? Il a raison bien sûr, mais avons-nous le choix ? Sur la Terre comme au Ciel. C'est cela qui doit être réalisé, avec l'aide et les moyens de chacun. Et plus la vue porte loin, plus l'aide exigée est grande. Cela est juste, mais fatiguant, c'est vrai. Allez Merlin, on y est à nouveau, et jusqu'au cou ! Cette fois-ci, ils ont même réussi à faire fondre les glaciers !

L'un de nos refuges

Dans cette maison du Nord, prise par la neige et le gel, Merlin du Nord y compose, y confiture et y écrit. Lorsque je lui rends visite, des éclats de rire s'échappent par les fenêtre, mêlés à des rubans de parfum suave : poire, prune, pommes, rhubarbe ou cerise noire... Les confitures cuisent à petit feu, les légendes prennent vie, et enfin ce monde d'illusions redevient ce qu'il est : un misérable écran de fumée toxique, dissipé par nos mots, nos rires et... ses notes de musique !

Bienfaisante Violette

La recette de Ferdinand me donne l'occasion de vous parler de la merveilleuse et bienfaisante violette. La Viola Odorata, même séchée exhale un parfum intense et suave, mais ce n'est pas là sa seule vertu. Elle est émolliente, laxative, diurétique, décongestionnante et expectorante. Ses racines, feuilles et fleurs sont à récolter en pleine floraison (de février à mai) et à faire sécher à l'ombre, mais en plein air.
Quand mon compagnon, le Sorcier Maximilien, a les bronches prises, je lui fais aussitôt la décoction suivante :
Faire bouillir 5 g de racine de Violette dans 300ml d'eau de source jusqu'à réduction des deux tiers, sucrer avec un peu de miel de sapin et boire aussitôt.

La recette secrète de Ferdinand l'Ecureuil


250g de bon chocolat praliné
125 g de bon chocolat noir amer
13 violettes cristallisées broyées
3Dl de crème liquide
25 g de beurre

Cassez les deux chocolats en morceaux et faites-les fondre dans une casserole (à feu doux) avec la crème.
Laissez fondre doucement, ajoutez les violettes sacrifiées, puis fouettez longuement le mélange pour obtenir une mousse délicieusement aérienne.
Mettez au froid la préparation.
Juste avant de la servir à vos invités, impatients et conquis d'avance, fouettez-la vigoureusement à nouveau puis déposez en son centre une violette entière (cristallisée).
La dégustation peut commencer...

Merlin du Nord

Il est temps de vous parler de mon ami Merlin du Nord, un puissant sorcier, musicien, jardinier, gourmet et gourmand. Ensemble, nous avons traversé les terres brûlées, les torrents glacés, les vastes plaines désolées, ensemble nous avons trouvé refuge dans des grottes moussues, dans des tronc d'arbres vermoulus... Tant de fois nous avons dû plier bagages alors que le tonnerre grondait et que les Dormeurs ronflaient, insouciants et repus. Nous nous offrons des livres, des confitures, des confiseries et les meilleurs de nos sortilèges. Parfois nous grondons de colère puis nous éclatons de rire, rien de cette dimension ne laisse vraiment de traces en nous... Nous avons toujours été des Voyageurs, nous le resterons, poches percées, portés par nos rêves, riches de tout ce que les galaxies nous offrent la nuit... Pour toi mon ami Merlin, cette recette...

vendredi 15 février 2008

Crocus du matin


Le matin, quand l'herbe blanchie par le gel crisse et craque, je pars sur les chemins avec mon chien. Mille fois le même sentier, mille lumières différentes, mille odeurs différentes, mille couleurs différentes. Je me souviens l'avoir parcouru avec une amie qui ne voyait ni les contours lavande des montagnes, ni les plis sombres et veloutés du vallon, elle ne voyait que le paysage qu'elle avait transporté avec elle : son travail. J'en étais agacée et triste pour elle. Ne pas voir vraiment, ne pas entendre vraiment, ne pas sentir vraiment, ne pas goûter vraiment, ne pas toucher vraiment... Est-ce vraiment vivre ? Je ne le crois pas. Pourtant, c'est là toute notre tâche, vivre chaque instant en conscience. Cela demande la présence effective de tout notre être, pas un semblant de présence, non, la réalité pleine et entière de notre présence au monde. Comme ce crocus, ce matin, si intense dans sa présence à la lumière et à la terre, il ne durera pourtant qu'une poignée de jours. Mais qu'importe, il est là, vraiment là, magnifique et parfait. Ce matin, il m'a servi de Maître de vie.