samedi 1 mars 2008

La Fin des Mystères, par Scarlett Thomas


"La fin des mystères", de Scarlett Thomas, publié chez Anne Carrière. "The end of Mr. Y ", en anglais. Pour l'instant pas un mot en France. Et pourtant, ce livre est loué de manière plus qu'enthousiaste par The Independant, Jonathan Coe, le New York Times et Philipp Pulman.
Je suis en train de le lire et à chaque page, je me dis : "Enfin !" Enfin, un roman qui ouvre les fenêtre de la fiction sur une autre dimension que celle de la psychologie, de l'autofiction, de la science fiction et de ce que l'on appelle de bien curieuse manière la Fantaisy.
Lisez attentivement, mes amis, cet extrait d'une discussion qui rassemble trois trentenaires, prof de fac. C'est Ariel Manto, le personnage principal, qui parle :
"Eh bien, si on imagine la particule primordiale : celle qui a fait "bang" il y a quatorze milliards d'années, cette particule devrait être semblable à n'importe quelle autre particule. Elle aurait sa fonction d'onde - une série de probabilités quant à l'endroit où elle se trouvait et ce qu'elle y faisait. Or ce que nous savons de la physique quantique suggère qu'à moins qu'un observateur extérieur ne se soit manifesté et n'ait observé l'état exact de la particule, sa fonction d'onde ne se serait pas effondrée. Autrement dit, elle existerait avec toutes ses situations simultanées. Elle serait à la fois rapide et lente, se mouvant à gauche et à droite, ici et là. Cet observateur extérieur de l'univers ne peut être que Dieu. C'est peut-être Dieu, par conséquent, qui a disloqué la fonction d'onde ayant donné naissance à l'univers. Autrement dit, c'est Dieu qui a fait exploser la particule originelle pour en faire un univers dans lequel nous vivons aujourd'hui. C'est l'interprétation de Copenhague appliquée à la particule originelle. Si l'on rejette ça, il ne reste que l'interprétation des mondes multiples, qui sous-tend qu'il n'y a ni observateur extérieur ni effondrement. Au lieu de quoi, tous les possibles cohabitent "autour" - chaque univers imaginable existe aux côtés de celui-ci : certains où il fait très chaud, d'autres un froid glacial, certains peuplés, d'autres pas, certains engendrant leurs propres "bébés univers" et d'autres non..."

Vous comprenez aussi bien que moi, les implications de ce raisonnement : dans les deux cas qu'il y ait un observateur présent- appelé Dieu ou le Grand Architecte ou le Grand Esprit, peu importe son nom - ou pas d'observateur du tout, nous vivons forcément dans une réalité qui n'est pas celle à laquelle la majorité adhère. Dans les deux cas, la réalité de notre existence est une réalité proche de celle habituellement décrite ou envisagée, non pas dans les livres de sciences classiques, mais bien dans ceux de SF ! Il était temps qu'un roman nous fasse réfléchir sur d'autres sujets que nos états d'âmes, nos guerres et nos paix et dilate les mots, le temps et l'énergie pour en faire des passerelles entre les mondes de notre esprit et ceux de l'univers (ou du multivers !). A lire d'urgence !

1 commentaire:

Valeriane a dit…

merci pour la note de lecture!
J'ai été attirée par la couverture, mais je ne savais pas encore si ça en valait la peine!
merci!
;-)