Beigbeder again. Les symptômes s'entêtent on le sait bien. A lire son édito dans le Lire du mois de mars, intitulé "La nostalgie de la prohibition". Surpris en train de sniffer de la coke il y a quelques semaines, Beigbeder en profite une nouvelle, pour nous expliquer en long en large et en travers ce qu'est un écrivain. Sans toutefois se rendre compte qu'il est devenu l'entomologiste vorace et obsessionnel de cette famille d'insectes fascinants à laquelle il aimerait tant appartenir (mais peut-on être insecte et entomologiste en même temps ?). Donc, un édito consacré à l'éloge de la prohibition, terreau indispensable selon lui de la fécondité littéraire. Un écrivain doit transgresser. La messe est dite. L'ordre social évidemment. Sexe, alcool, drogue.. En réalité, selon Beigbeder, il doit consommer. Or, il se trouve qu'aujourd'hui, rien n'est plus socialement et économiquement correct que l'hyperconsommation, qui est en soi une transgression. Le "plus que", le "trop", le "encore", le "pas assez" sont justement des cris oedipiens que l'inconscient de ceux qui transgressent pour jouir mais ne jouissent jamais évidemment, poussent en permanence. Et Beigbeder nous explique consciencieusement (il y va du sens de sa vie) : Flaubert et l'adultère bourgeois, Baudelaire et les putes, Fitzgerald et l'alcool, D.H. Lawrence et le sexe. So what ? Beigbeder a consommé tout ça et alors ?
Il serait temps qu'il se mette au "je", que comme notre président, il laisse tomber le "moi", alors peut-être si un écrivain sommeille en lui, il pourra le réveiller. Mais de grâce, qu'il arrête d'essayer de (se) convaincre qu'il est un écrivain juste parce que sa fiche signalétique personnelle colle pile poil avec celle de ce qu'il fantasme comme étant "Le Vrai Ecrivain".
Reconnaissons-lui un vrai (involontaire) sens de l'humour lorsqu'il chute (et je pèse mon verbe) sur cette phrase vraiment vraiment très drôle : "Pour toutes ces raisons, je suis heureux de vivre dans un pays qui traverse probablement l'une des plus graves périodes de Prohibition de toute son histoire."
jeudi 6 mars 2008
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