vendredi 15 février 2008

Crocus du matin


Le matin, quand l'herbe blanchie par le gel crisse et craque, je pars sur les chemins avec mon chien. Mille fois le même sentier, mille lumières différentes, mille odeurs différentes, mille couleurs différentes. Je me souviens l'avoir parcouru avec une amie qui ne voyait ni les contours lavande des montagnes, ni les plis sombres et veloutés du vallon, elle ne voyait que le paysage qu'elle avait transporté avec elle : son travail. J'en étais agacée et triste pour elle. Ne pas voir vraiment, ne pas entendre vraiment, ne pas sentir vraiment, ne pas goûter vraiment, ne pas toucher vraiment... Est-ce vraiment vivre ? Je ne le crois pas. Pourtant, c'est là toute notre tâche, vivre chaque instant en conscience. Cela demande la présence effective de tout notre être, pas un semblant de présence, non, la réalité pleine et entière de notre présence au monde. Comme ce crocus, ce matin, si intense dans sa présence à la lumière et à la terre, il ne durera pourtant qu'une poignée de jours. Mais qu'importe, il est là, vraiment là, magnifique et parfait. Ce matin, il m'a servi de Maître de vie.

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