vendredi 22 février 2008

Ganesh, divinité des voleurs et des écrivains

Ganesh, divinité hindoue des voleurs et.... des écrivains !
Quel étrange rapprochement, ai-je pensé lorsque ma soeur m'a offert une petite statue de Ganesh... Voleurs et écrivains... J'ai laissé la pensée cheminer en moi, comme chaque fois que je veux vraiment comprendre, je l'ai laissée emprunter tous les chemins de traverse de mon esprit (et Dieu sait s'ils sont nombreux !) et puis un matin, alors que j'écrivais et que mon regard était posé sur sa trompe richement décorée, j'ai compris combien étroite était la parenté entre ceux deux professions... Les mots que nous croyons mettre au monde, ceux dont nous pensons qu'ils viennent de cette région connue de nous seule et qui se nomme Imagination, ces personnages singuliers, si intimes qu'ils semblent posséder l'odeur de notre peau, nous les volons tous, un jour au l'autre. Par mégarde, consciemment, par inspiration, par capillarité, parce que l'art ne naît jamais de lui-même, quoiqu'en pensent les orgueilleux. Je lisais dernièrement Alexander Mc Call Smith, un délicieux auteur écossais, et je me faisais la réflexion que son personnage principal, Isabelle, avait tout d'une héroïne de Barbara Pym. Et puis quelques mois plus tard, je tombe sur un article consacré à Mc Call Smith, dans lequel il avoue toute sa tendresse et son admiration pour Miss Pym. Et pourtant nul plagiat, nulle défaillance de l'imagination de Mc Call Smith, nul vol à lui reprocher, son héroïne est bien la sienne, née de son histoire, de sa sensibilité et de son talent propres, mais aurait-elle vue le jour si Catherine Oliphant (CF Une corne d'abondance) ne l'avait pas précédée ? Chi lo sà ?
Alors oui, Ganesh, divinité des voleurs et des écrivains, frères de labeurs.

1 commentaire:

volpeallellerita a dit…

Merveilleuse strega, te lire est pour moi une véritable joie.
Ton univers m'est familier et le monde que tu inventes celui où je me projette.
Car malheureusement, nous n'avons pas tous la chance d'être écrivain...
Mais réflexion faite, la même divinité nous protège. Vu d'un certain angle, le lecteur n'est-il pas un voleur?
Certes, il lui arrive parfois bien malgré lui, de faire jaillir l'étincelle créatrice des profondeurs insondables de l'auteur.
Mais une fois emprisonnée dans le livre, l'histoire née de l'imaginaire d'un autre, devient la sienne. Il se l'approprie, la déforme, la transforme grâce à l'incontournable prisme de ses émotions.
Et cette histoire, il la lui vole.